Narcisse – Prix de l’AFPEAH 2023

Narcisse – Prix de l’AFPEAH 2023

Les membres du Jury ont l’immense plaisir de féliciter les talentueux lauréats du Prix de l’Afpeah 2023

Le Prix de l’AFPEAH niveau LYCÉE
est attribué à Vladimir Ducasse-Hybiak
(Lycée Victor Duruy, Paris)
pour « La Ville entre deux fleuves »
(Professeur référent : Pierre-Camille Moulay)

Le Prix de l’AFPEAH niveau collège
est attribué à Adam Ajana, Rayan Aniba, Alex Aydinyan, Cynda Belhedi, Tristan Benard, Levanna Berkani, Lilia Boubakour, Luis Fernando Castello Hernandez, Alexia Charbonnier, Hinaya Elhilali, Beatriz Goncalvez Remelhe, Clément Grosso, Kacper Grzelka, Jade Hadjabderrahmane, Bayen Hadjhassen, Bilel Hamdaoui, Abderrahmane Jarmouni, Narimane Messaoudi, Romane Rolland, Rayan Rouich, Dayomi Schellings, Hidaya Slimani, Yasmine Touiker, Kylian Veyret, Yassir Zriouil
(Collège Gérard Philipe, Cogolin)
pour « À la folie … plus du tout »
(Professeur référent : Justine Christen)

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« Les mythes n’ont pas de vie par eux-mêmes. Ils attendent que nous les incarnions » écrit Albert Camus dans son essai L’Été, publié en 1954.

C’est chose faite avec cette cinquième édition du Prix littéraire de l’Afpeah qui récompense chaque année l’écriture de nouvelles autour d’une figure mythologique. Résidant dans neuf pays (la France, la République du Congo, la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas, la Suisse, Madagascar, l’Autriche, l’Angleterre), plus de 1000 élèves ont participé au Prix de l’Afpeah consacré à Narcisse. Les jurés adultes et adolescents félicitent les efforts de style et d’invention qui ont donné un souffle personnel et original au mythe antique dont les versions d’Ovide, de Pausanias, ainsi que le commentaire de Philostrate constituent les principaux hypotextes.

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Centré sur l‘illusion visuelle et la connaissance interdite, le récit ovidien porte en son cœur un personnage énigmatique caractérisé par son indifférence à autrui et son incapacité à aimer un autre que lui-même. Insensible et né de la violence de Céphise, Narcisse, dont le nom évoque la torpeur et l’engourdissement, ne cède pas à l’ardeur d’Écho, qui, brûlée de désir, le traque dans l’ombre de la forêt. Le mythe évoque donc des amours impossibles et pourtant irrépressibles, celles de Céphise pour Liriope, d’Écho pour Narcisse, de Narcisse pour lui-même. Si, contrairement à sa mère, le jeune homme a pu résister à la violence du désir d’autrui, il demeure incapable de se soustraire à la contemplation abyssale qui le révèle à lui-même. Narcisse,  celui qui ne devait pas se connaître selon les mots de Tirésias, sombre en effet dans le piège spéculaire qui donne à son reflet les apparences de la réalité : « Les deux Narcisse sont semblables, brillent de la même beauté ; la seule différence entre eux, c’est que l’un se détache sur un fond qui est le ciel, et que l’autre est vu comme plongé dans l’eau » (Philostrate, Une Galerie antique, XXII).

Le mythe n’explique pas la solitude de Narcisse, ni sa fascination vertigineuse pour lui-même, il confère au personnage une autre image qui se superpose à la sienne et brouille les repères et les normes. Est-il cerné d’eau ou cerné de ciel ? N’est-il pas plutôt cerclé à la fois de ciel et d’eau ? « Cet être, c’est moi : j’ai compris, et mon image ne me trompe pas » (Ovide, Les Métamorphoses, III, 463). Sur l’onde lisse se déploie, en effet, l’image de la perfection, un idéal inaccessible. Narcisse meurt pourtant sans avoir percé le mystère insondable. La métamorphose replace alors le personnage dans la trame qui a noué sa destinée : en devenant étrangement fleur, le jeune homme rappelle celle que l’on nommait « visage de lis »[1], la nymphe Liriope.

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Si plusieurs nouvelles conservent la figure du jeune homme à la beauté aussi éblouissante que dédaigneuse, certaines le représentent sous d’autres formes, décuplant ainsi le motif de la métamorphose : Narcisse devient ainsi un robot de compagnie, une célèbre toile de maître, l’hôte d’une forêt, un cuisinier de renom, un loup, le jeune roi de la planète Malandora ou un prince longtemps désiré : « le roi et la reine avaient tant pleuré et imploré la venue de ce bébé que lorsqu’il fut là, leur monde ne tourna plus qu’autour de lui » (« La Beauté des Flammèches ») Il peut aussi prendre de façon plus audacieuse les traits de la capitale d’un empire au passé flamboyant, ou incarner la société contemporaine comme dans la très belle histoire d’Yves (« Narcisse ») :


« Une fois dehors, il se mit à arpenter les trottoirs, saluant les passants au hasard de sa marche. Mais pas un seul ne daigna tourner un regard vers lui. Tous étaient occupés à se mirer dans les vitrines ou à rajuster leurs tenues. De plus en plus perplexe, l’enfant poursuivit son chemin vers le parc où il pensait trouver ses amis. Il poussa la petite grille oxydée qui défendait l’entrée de ce havre de tranquillité et remonta l’allée gravillonnée, à pas lents et mesurés, sous le couvert des noyers centenaires. A l’horizon déjà, les premiers rayons du soleil levant dissipaient le peu de nuit qu’il restait sur la ville. Yves constatait alors que ces bancs d’ordinaire si remplis étaient étrangement vides. Vide, le parc était vide ! Mais à mesure qu’il progressait, une sourde rumeur s’amplifiait au loin comme un essaim qui, chassé de sa ruche, accourt au lointain. Quand il fut arrivé près de l’étang, quelle ne fut pas sa surprise de voir les trois quarts de la ville massés sur ses rives. Hommes, femmes, vieillards et enfants semblaient s’être donnés rendez-vous pour examiner leurs faces reflétées dans ces eaux vertes. Yves, affectant l’indifférence, s’approcha du bord et saisissant un superbe galet, il le lança au centre de la mare. La pierre souleva une gerbe d’écume et bientôt de fines rides parcoururent la surface de l’onde dormante troublant le calme des flots. La multitude des contemplateurs se leva et d’un cri unanime cria « sus à l’enfant ».

Il est aussi chef de guerre, à la tête d’une fantastique armée qu’il contemple du sommet d’une falaise :


« Et là, en contrebas, se tiennent des milliers d’hommes qui acclament Narcisse ! Des hydres gigantesques sont harnachées par des chaînes. Une à une, un homme les fouette et leurs têtes hérissées de piques tranchantes crachent des langues de feu. Plus loin, des cages retiennent des chimères dont les crocs luisent à la lumière des torches ; leurs queues de serpent fouettent le sol avec fracas. Toutes les bouches scandent le nom de Narcisse » (« L’Écho de la vengeance »)…

On mesure dans cet aperçu la souplesse de la figure mythique, la plasticité du personnage dont certains textes ont eu l’intuition : c’est le cas d’ « Aschimos » et de « Comme un poison dans l’eau » :
« Ce corps, disait-il à son aimé, c’est moi, c’est nous … »


Narcisse 2023 est fréquemment le héros malheureux d’une vie (dé)régulée par les réseaux sociaux : victime d’une mère influenceuse, qui poste des photos de son rejeton sur « Instapif ou Toktok », jeune homme pris au piège de son image virtuelle, qui ne se nourrit plus, ne dort plus et perd complètement le goût de vivre, comme dans « Un Surplus de popularité » ou influenceur qui présente chaque jour sa « skincare (sa routine de soin) à ses abonnés » tout en gérant ses partenariats avec de grandes marques. Narcisse 2023 est, on le voit, résolument moderne, l’on sent d’ailleurs poindre derrière le portrait la satire de notre société hyper connectée. Dans « Selphos », la plus réussie des nouvelles explorant ce type d’actualisation du personnage, les élèves du collège René-Cassin de Fianarantsoa à Madagascar ont décrit avec rigueur et humour les mécanismes qui conduisent le héros narcissique à perdre tragiquement tout contact avec la réalité. Selphos est happé au sens propre par son téléphone, il s’enferme chaque jour davantage dans un monde kafkaïen et finit par renoncer à lui-même pour devenir un simple filtre, un portrait portant « une fleur jaune sur l’oreille gauche ».

En fait, c’est moins le changement de forme qui a passionné les élèves que la personnalité de Narcisse, être de désir et objet de toutes les convoitises, celles de nobles courtisans dans « La désolation de Narcisse », d’une maîtresse de maison désœuvrée dans « Un magnifique NAR6 », de la cour de Versailles et des visiteurs du Louvre dans « Échos d’une icône », d’un asphodèle « sacrifié » qui pousse dans l’ombre d’un narcisse, de ses camarades sylvestres dans « Comme un poison dans l’eau », d’un voyageur ébloui qui arpente les vestiges d’une « Ville entre deux fleuves ».

Narcisse repousse tout amour et sa superbe est châtiée : « Qu’il aime donc de même à son tour et de même ne puisse posséder l’objet de son amour ! » lisons-nous dans la fable d’Ovide (Métamorphoses, III, 405-406). Le motif du reflet se décline avec inventivité dans les nouvelles. Quand il n’est pas sur les rives d’un cours d’eau ou face aux eaux cristallines d’une grotte, Narcisse se mire et s’admire dans la Galerie des Glaces et dans les objets du quotidien, un miroir de salle de bains, un rétroviseur, la vitrine d’un magasin, une piscine, l’écran d’un téléphone…
« Il surprit son regard dans une flaque et à nouveau, il succomba sous son propre charme. Pétrifié par sa propre beauté, il ne vit pas la petite camionnette blanche, qui apportait la farine provenant du moulin voisin« . (« L’Histoire d’Éric »).

Enfant de la nymphe Liriope et du dieu fleuve Céphise, Narcisse est pris au piège de ce qui fait aussi sa nature : l’eau. L’élément est peint sous des couleurs tragiques, ce sont les eaux cruelles de la noyade et de la chute, celles du Styx, celles d’un déluge mêlé aux larmes de Narcisse, celles qui ont rongé la pierre d’une cité antique ; et de façon plus triviale, la fuite d’eau qui fait chuter un gardien de musée aux chaussettes humides. Deux autres éléments s’allient à l’eau dans la vindicte de l’hybris, le feu et l’air. Le désir brûle le torse de Narcisse, marqué de lettres rouge sang ; la couleur de safran rappelle la victoire de la flamme.
La souffrance de l’être sylvestre dans « Comme un poison dans l’eau » est peinte avec une telle acuité que nous en détournerions presque notre regard :

« Ses deux mains décharnées, aux articulations rougies et gercées s’agrippaient avec fureur au trachyte glacé et encadraient son cou étiré, dont la maigreur cadavérique faisait saillir les veines au-delà du bassin. Il cherchait en vain à rejoindre son reflet fuyant, ainsi harnaché à un carcan imaginaire. Il contemplait ce qu’il était avec de grands yeux fous ».  

Le vent, bien qu’absent du texte d’Ovide, traverse les nouvelles : Zéphyr transporte les grains de pollen pour le croisement des espèces et le sirocco, « fier coursier au mugissement cinglant et à l’haleine suffocante, s’attaque à la « Ville entre deux fleuves ». Les quatre éléments, associés à un compte à rebours, composent d’ailleurs la structure originale de la nouvelle « Humeurs », dans laquelle un chasseur enflammé d’orgueil, au front perlant de sueur, expire dans l’herbe verte d’une clairière.

La figure de Narcisse se nourrit également de la version du géographe grec Pausanias dans La Description de la Grèce : Narcisse a une sœur jumelle dont il est amoureux. Morte noyée, elle réapparaît aux yeux de Narcisse quand il contemple l’eau d’une fontaine en Béotie. Le motif de la gémellité, fortement lié à celui du reflet, se lit dans « L’Écho de la vengeance » où les jumeaux sont les soldats des dieux olympiens, ainsi que dans « Muette » lorsque Léo contemple son frère jumeau mort noyé ou dans « L’âme de fond » quand Nyls se sent appelé par l’âme de sa sœur noyée et la rejoint dans l’abîme de l’océan:

  » Nyls est revenu ; sa sœur est restée sous la surface, prisonnière de l’horizon.
Le ciel s’assombrit à nouveau, la mer se teinte de noir, s’ébranle. Avec angoisse, Nyls regarde autour de lui, mais sa sœur a disparu, les vagues ont ravalé son mirage. »

Les nouvelles ont accordé une place de choix à la nymphe éconduite par Narcisse, Écho.
Fidèle à la tradition, elle est une dryade qui répète les derniers mots de Narcisse dans « L’écho a toujours raison ». La nouvelle « L’âme de fond » est également traversée par des voix, celle de l’océan qui chante la noyade, telle une sirène ; celle du jeune frère dont le cri de douleur est amplifié par la falaise, à la manière de l’écho ; celle de sa sœur qui revient à la vie pour les entraîner tous deux vers les profondeurs. Écho est pianiste dans la pastorale « Remède au narcissisme », sa sublime musique accompagne Narcisse dans le trépas et la révèle virtuose. Dans la même veine artistique, Écho, sujet d’un célèbre tableau, fascine à tel point André, un gardien de musée, qu’il succombe au charme de sa voix et prend part à la scène de la toile, donnant à la nouvelle « Encore une goutte ! » une tonalité fantastique.
Rongée par l’attitude hautaine de Narcisse, Écho est l’élève du cours de floriculture de Perséphone et complice du croisement de deux espèces florales dans « A la folie…plus du tout ». Elle revêt le visage de la vindicte qui se lit dans les cinq lettres rouge sang écrites au fer par Hermès sur le torse de Narcisse dans « L’écho de la vengeance ». Parfois au contraire, la figure d’Écho se dégrade et perd toute la solennité que l’on prête aux figures mythologiques : ainsi dans un univers plus proche du nôtre, Écho se devine aussi derrière l’assistance vocale « Psyché » de la nouvelle « Selphos » et le robot de métal recyclé 3CHO, privé de corps et de voix dans « Un magnifique NAR6 ».
Elle est la voix de la schizophrénie dans plusieurs récits, dont « Regarde ». Plus légèrement, elle bégaie dans « Alter Ego ». Adolescente banale, elle est qualifiée de « pot de colle » dans « Je m’appelle Narcisse, j’ai 16 ans » et finit par devenir un simple bar, dans « Histoire sans fin ». De telles représentations exacerbent les défauts de la nymphe, lui conférant ainsi une forte dimension parodique.   

Mythe floral par excellence, le choix de Narcisse ne pouvait être que la promesse d’un beau florilège, dans tous les sens de ce terme. Plusieurs nouvelles montrent combien la mythologie a irrigué la botanique. La famille des liliacées ne compte-t-elle pas le Narcissus poeticus ou « Narcisse des poètes » ? « Un asphodèle sacrifié » nous rappelle la prairie du royaume des morts mentionnée dans l’Odyssée : un narcisse éclatant de beauté et de vanité y germe sous le regard admiratif de l’asphodèle esseulé.

 
« Il était une fois, sur une colline, au beau milieu d’une clairière, une plante à fleur qui poussait fièrement. Cet asphodèle, triste végétal aux pétales blanc, entouré de feuilles d’un vert brillant, vivait sur un sol pauvre, mais ensoleillé, pour une vie jusque-là vide de sens.
            Un jour – fruit du hasard ou destin malicieux ? – son existence croisa celle d’une fleur ravissante, le narcisse. Celle-ci, amenée au gré des vents tumultueux, planta sa graine sous l’aile de l’asphodèle, jusque-là bien seul. »

« Un asphodèle sacrifié »


Ce pré des asphodèles est aussi le cadre du conte bucolique « A la folie… plus du tout » : aidée par les insectes pollinisateurs, Perséphone manœuvre contre Hadès et croise deux espèces, l’asphodèle et le narcisse, pour faire éclore le nénuphar, fleur de l’indifférence. Ainsi, la dura superbia (Métamorphoses, III, 354) de Narcisse s’en trouve châtiée et Écho d’entonner la ritournelle de la marguerite « je t’aimais… un peu… beaucoup… passionnément… à la folie… plus du tout ! ». Trois élèves du collège d’Afareaitu sur l’île de Moorea en Polynésie ont mêlé les fleurs et les mythes dans leur récit : sur la même couronne figurent des fleurs de tipaniers et des narcisses, des oiseaux de Paradis, sources d’histoires, de mythes et de contes entrelacés. Nous retrouvons la marguerite dans l’épilogue de « Échos d’une icône » où un acte de vandalisme profane le sourire mythique de la Joconde, après l’outrage fait aux tournesols de Van Gogh. L’héroïne au nom signifiant, Rose, est le double féminin de Narcisse dans la nouvelle « La Rose penchée », elle traque un écho au cœur d’une forêt vierge.

Au-delà du motif floral et de l’élément aqueux, c’est bien toute la nature qui irrigue les nouvelles. « Comme un poison dans l’eau » a pour cadre une mystérieuse forêt béotienne dont l’hôte d’une grande « vénusté », sans doute le chasseur de la fable d’Ovide, s’éprend d’une source. Emporté par la douleur, ce dernier n’entend que la voix de la forêt qui « salua feu son hôte avec humilité ». « Un magnifique NAR6 » est un robot convoité pour ses performances technologiques, tandis que le narrateur Herba, robot de troisième génération, se satisfait de l’entretien quotidien du jardin de ses maîtres. A l’inverse, la nature jadis grandiose s’est éteinte dans « La Ville entre deux fleuves » qui s’ouvre sur une vallée asséchée aux « rares traces de végétation » et se clôt sur l’image magnifique des « malheureux pétales d’une funeste et tragique rose des sables ».

A l’origine d’une fleur et du phénomène de l’écho, le mythe de Narcisse revêt un troisième caractère étiologique que plusieurs nouvelles ont bien mis en lumière : l’origine de l’art et la question esthétique au cœur du texte de Philostrate. Par les références au portrait et à l’autoportrait, la peinture est l’art le plus largement cité. Nous suivons le parcours de La Joconde dans « Écho d’une icône », de l’atelier florentin au Musée du Louvre où la toile côtoie celle de l’artiste classique Nicolas Poussin Écho et Narcisse ; c’est sans doute cette même œuvre que nous contemplons avec le gardien André dans « Encore une goutte ! ». Le peintre anglais John William Waterhouse est mentionné dans la nouvelle « L’autre ».

Art de l’espace, l’architecture et les sculptures léonines de « La Ville entre deux fleuves » sont une « légende narrée par les pierres » faisant écho aux parties de chasse que Narcisse affectionne tant.

Au côté de l’art pictural et sculptural, la littérature s’illustre dans ses formes variées et dans les références à la langue. Plusieurs textes sont des journaux intimes et rappellent bien l’introspection propre au mythe. « Remède au narcissisme » nous offre une scénette en abyme, une pastorale qui n’est pas sans rappeler L’Astrée ; l’histoire de Rose dans « La Rose penchée » est contée par un trouvère des temps médiévaux ; l’âme de Narcisse se fait poète, comme la fleur, Narcissus poeticus, au moment de plonger son regard dans le Styx de la nouvelle « Comme un poison dans l’eau » ; l’ouverture de « L’écho de la vengeance » est une rêverie poétique sur les deux syllabes si mélodieuses que forme le nom « Narcisse » ; enfin, la paronymie « écho » et « icône » relie son et sens pour le titre bien trouvé « Échos d’une icône ». 

Réjouissons-nous enfin de la maturité dont font preuve les adolescents en nous livrant leur réflexion sur plusieurs questions de société, notamment l’attention excessive portée à l’image de soi et d’autrui véhiculée par les réseaux sociaux. Dans « Narcisse à la porte de son destin », une élève du lycée Guy de Maupassant de Colombes résume le problème en quelques mots : « Narcisse arrive alors dans un nouveau monde, des milliards et des milliers d’années plus tard, en 2025. Dans ce monde dominé par les nouvelles technologies et la tyrannie des réseaux sociaux, où les téléphones portables sont constamment à portée de main, chacun passe son temps à admirer son propre reflet, chacun a le pouvoir de juger l’apparence d’autrui : c’est un monde pour Narcisse. « 

Parodiant la prédiction de Tirésias, le peintre de La Joconde prédit le malheur de la toile non si elle se connaît mais si le monde entier la connaît. Quelques textes nous alertent également sur la vulnérabilité de notre environnement, menacé par l’activité humaine : « les mortels s’approprient de plus en plus de terres et de montagnes » et oublient de regarder le ciel comme le fait le nénuphar de « A la folie…plus du tout ». L’art, sa marchandisation et les débats esthétiques sont bien futiles face aux enjeux écologiques selon les militantes d’ « Échos d’une icône » qui s’en prennent aux toiles de maîtres. Certains textes dénoncent l’individualisme et l’égoïsme tragiques de nos sociétés, c’est le cas d’une nouvelle écrite par un élève du Lycée Descartes de Tours : dans « Narcisse », une ode à l’empathie, la sollicitude et la délicatesse, le lycéen évoque en effet le repli sur soi des parents et des adolescents qui deviennent indifférents les uns aux autres.

C’est donc aussi la dimension morale qu’interrogent certaines nouvelles. Comme le souligne explicitement le titre « Remède au narcissisme », l’art et la beauté doivent se penser dans le don, la générosité, l’attention à autrui : Écho reconnaît en Narcisse un être épris d’absolu que « la médiocrité, la folie ou la cruauté humaines » ont terriblement déçu.

LAURÉATS DE L’ÉDITION 2023
PRIX DE L’AFPEAH 2023 (Catégorie lycée)

Le Jury salue la poésie de la remarquable « Ville entre deux fleuves », nouvelle presque expérimentale tant elle crypte les mythèmes dans  les replis de sa texture. Rappelant le style visionnaire de Rimbaud ou de  Sylvie Germain, Vladimir Ducasse-Hybiak a imaginé une époustouflante transposition du mythe ovidien. Le talent et la maturité de cet élève sont absolument exceptionnels.

Le récit travaille le motif du locus amoenus (présent dans la version littéraire du mythe) et en inverse les composantes en peignant un espace minéral aux antipodes de la clairière reposante d’Ovide. Sa ville orgueilleuse, noyée dans le désert, est une figure de Narcisse, découverte par un mystérieux voyageur. Fasciné, celui-ci s’abîme dans la contemplation de la cité déchue. Appartenant lui aussi à un peuple sûr de sa maîtrise et de son emprise sur le monde, il découvre une ville pétrifiée, une sorte de Babel cyclopéenne, sise dans une terre âpre, battue des vents.  Désormais désertée, la ville aux gigantesques portes de cèdre conserve néanmoins le souvenir de sa superbe et le lointain écho des peuples qui s’y rencontraient et commerçaient sans souci du lendemain. Dirigée par un souverain tout-puissant, à « l’inhumaine perfection », elle était invincible et impérieuse, elle défiait le temps. Mais son orgueil l’a conduite à mépriser ses assaillants : la ville fluviale « aveuglée par sa propre lumière », n’a « pas su prévenir sa chute ».

« [C]es regrets-là, on ne peut les entendre qu’une fois la nuit tombée, comme un soupir, alors qu’elle se perd dans la contemplation des étoiles, rêvant du retour d’une mer asséchée, saoulée par le souvenir trompeur d’un port prospère et d’un peuple fier… Le reflet de la lune sur l’onde lui manque. Peut-être aurais-je pu l’entendre appeler son fondateur si le vent n’avait pas emporté son nom avec lui, cachant ce souvenir jusqu’au plus profond des montagnes ou le répandant dans les entrailles putrescentes de fleuves morts et desséchés, tristes compagnons d’une ville perdue dans le désert.
 Malheureux pétales d’une funeste et tragique rose des sables. »

Ville Narcisse, rose des sables et Vanité au désert, la cité de Vladimir Ducasse-Hybiak interpelle notre arrogance et le terrible pouvoir que nous exerçons sur le monde.

LAURÉATS DE L’ÉDITION 2023
PRIX DE L’AFPEAH 2023 (Catégorie collège)

Sous la légèreté et la fraîcheur d’une fable, « À la folie…plus du tout » se révèle une fascinante leçon de sciences naturelles, donnée par un groupe d’apprentis botanistes du Collège Gérard Philipe de Cogolin. Guidés par leur enseignante Justine Christen, les élèves de la classe de 6ème C unissent dans un même destin trois espèces végétales du massif des Maures qui leur est familier, le narcisse, l’asphodèle et le nénuphar.

Le jeune chasseur insensible au désir d’Écho a déjà achevé sa métamorphose et sa grâce safranée éveille l’admiration et l’intérêt de la nymphe Chloris. Levant un bataillon d’insectes pollinisateurs, cette dernière fomente un vaste stratagème et sauve n(N)arcisse de l’oubli par la dispersion de son pollen et son croisement avec l’asphodèle, plante fétiche du maître des Enfers. C’est Écho, élève de Perséphone, qui effectue l’opération délicate au rythme du célèbre refrain « Je t’aimais… un peu …beaucoup… passionnément … à la folie… plus du tout ».

À rebours du registre tragique propre au mythe, la nouvelle écrite par de jeunes collégiens est pétillante d’audace, mêlant, dans la vivacité de ses dialogues, la rigueur du lexique scientifique (« syrphes » ; « hélophile » ; « stigmate » ; « moro-sphinx »), des astuces stylistiques (« cette ancienne oréade coulait une mort heureuse » ; « Un papillon à longue trompe,[…], renchérit d’une voix nasillarde ») et un hymne tout en finesse à notre biodiversité.

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Pour conclure cet aperçu forcément incomplet, les membres du Jury saluent une fois encore l’implication des professeurs qui accompagnent leurs élèves dans cette aventure littéraire.

Un dernier mot encore pour célébrer la magnifique inventivité des élèves, la poésie de leurs épigraphes, la délicatesse ou la force épique de certains textes. Nous avons eu plaisir à vous lire. Certains d’entre vous participent pour la deuxième, troisième ou quatrième fois au prix de notre association, nous en sommes touchés et apprécions votre pugnacité poétique. Nous ne pouvons récompenser tout le monde, mais nous voyons avec plaisir et émotion votre écriture se déployer et prendre une vigueur et une profondeur incontestables. 


[1] Dictionnaire historique des personnages célèbres de l’antiquité … avec l’étymologie … de leurs noms et surnoms; précédé d’un essai sur les noms propres chez les peuples anciens et modernes, François Joseph Michel Noël, 1824


Nouvelles ayant obtenu des points:
NB : Il est arrivé que certaines nouvelles portent le même titre, dans ce cas, nous avons donné les premiers mots du texte.

  1. Lycée
A celui qui ne savait pas aimer (7 points)
Adieu reflet perdu (9 points)
Amichaï (5 points)
Amour fleuri (4 points)
Amour-propre ( 4 points)
Autoportrait (19 points)
Beauté funeste (16 points)
Ces supers z’héros (20 points)
Comme un poison dans l’eau (49 points)
De n°6 à zéro (6 points)
Echos d’une icône (67 points)
Encore une goutte (46 points)
Face à face (7 points)
Fleur fanée de la société (4 points)
Glaces (11 points)
Histoire sans fin (12 points)
Humeurs (4 points)
Illustris cullinarius (15 points)
Inspecteur Éson (4 points)
Journal intime d’Anna (9 points)
L’âme de fond (42 points)
L’emblème déchu (9 points)
L’obsession du moi (11 points)
La Belle et l’aveugle (6 points)
La chute (4 points)
La conquête échouée de Narcisse (4 points)
La fleur de Narcisse (6 points)
La fleur de Narcisse (« Un jour ») (4 points)
la fleur sanglante (7 points)
La leçon d’humilité (4 points)
La maladie d’amour (5 points)
La malédiction de Narcisse (13 points)
La malédiction du narcisse (7 points)
La Métamorphose de Patrick (5 points)
La muette et le sans cœur (6 points)
La perception de soi (4 points)
la revanche d’une femme (11 points)
La véritable histoire de James Dean (4 points)
La ville entre deux fleuves (90 points)
Le 1e rôle (7 points)
Le Fleurissement d’un rêve (4 points)
Le Masque de chair (11 points)
Le Pion qui se voyait Roi (11 points)
Le plongeon (14 points)
Le plus grand rêve d’Essicran (5 points)
Le Poison de l’amour (9 points)
Le Robot-Image (12 points)
Les deux Narcisse (14 points)
Narcisse (« Yves ») (39 points)
Narcisse (4 points)
Narcisse à la porte de son destin (6 points)
Narcisse ou le mirage de l’amour (4 points)
Narcisse, le beau maudit (6 points)
Narcisse, le botaniste (6 points)
Narcisse, un héros nécessaire au XXIe siècle (4 points)
Narcissique (4 points)
Noris le beau (12 points)
Nouvelle fleur pardonne-moi (5 points)
Objet : projet d’article sur Mark Reeve (14 points)
Obsession fatale (5 points)
Regarde (20 points)
Regarde-moi dans les yeux (4 points)
Remède au narcissisme (63 points)
Sombre Narcisse (4 points)
Sous l’emprise du reflet (7 points)
Un bouquet de narcisses (11 points)
Un homme qui naquit avec la mort (4 points)
Un magnifique Narc6 (47 points)
Un asphodèle sacrifié (43 points)
Une Vengeance mythologique (5 points)
Vivre peut attendre (7 points)


2- Collège

1.      À Anne (4 points)
2.      A la folie, pas du tout (85 points)
3.      Alexa et la petite statuette (4 points)
4.      Alter ego (8 points)
5.      Ancrisse et les fleurs de Narcisse (7 points)
6.      Aschimos (43 points)
7.      Au loin s’étend l’ombre portée par les péchés de jadis (14 points)
8.      De la psychose au plafond blanc (14 points)
9.      Des pétales (7 points)
10.   Désert (4 points)
11.   Duel au far west (5 points)
12.   Duo fatal (16 points)
13.   Echo, l’amour impossible (18 points)
14.   Heartless (8 points)
15.   Je m’appelle Narcisse, j’ai 16 ans (5 points)
16.   Journal d’un cœur brisé (4 points)
17.   Journal de l’inconnu (6 points)
18.   Jusqu’à la rétine (10 points)
19.   Jusqu’au dernier reflet (10 points)
20.   L’agent Narcisse et la chimère (4 points)
21.   L’amour et Narcisse (6 points)
22.   L’autre (8 points)
23.   L’écho de la vengeance (62 points)
24.   L’enquête (3 points)
25.   L’histoire d’Eric (7 points)
26.   L’inconnu (11 points)
27.   L’ombre de Narcisse (16 points)
28.   L’écho a toujours raison (41 points)
29.   La beauté des flammèches (5 points)
30.   La célébrité à tout prix (3 points)
31.   La cornemuse vénérée et l’ami oublié (8 points)
32.   La couronne de fleurs (6 points)
33.   La désolation de Narcisse (54 points)
34.   La Jalousie (18 points)
35.   La pierre et la fleur (5 points)
36.   La planète Malendora (10 points)
37.   La rose penchée (37 points)
38.   La sirène et le pirate (3 points)
39.   La survivance de Narcisse (4 points)
40.   La Triste Histoire de Narcisse (3 points)
41.   La Vengeance du vieil homme (8 points)
42.   La véritable histoire de Narcisse (« Vers l’an 3000 ») (7 points)
43.   La véritable histoire de Narcisse (« Les textes d’Ovide et Pausanias ») (3 points)
44.   La vie, la mort, l’amour (8 points)
45.   Le beau Narcisse (3 points)
46.   Le Cauchemar de Narcisse (1 point)
47.   Le champ (3 points)
48.   le clone (6 points)
49.   Le date parfait (11 points)
50.   Le jardin de Narcisse (11 points)
51.   Le journal oublié (16 points)
52.   Le Loup Narcisse (3 points)
53.   Le miroir et la mort (6 points)
54.   Le Parcours de Narcisse (3 points)
55.   Le Portrait (15 points)
56.   Le reflet (10 points)
57.   Le Reflet maudit (5 points)
58.   Le Reflet perdu (3 points)
59.   Le reflet trompeur (4 points)
60.   Le semblable (4 points)
61.   Le temps des narcisses (5 points)
62.   Les pires ennemis 1 (3 points)
63.   Les pires ennemis 2 (3 points)
64.   Les Remords de Narcisse (12 points)
65.   Les visages (10 points)
66.   Lettre d’adieu (« Ma chère Maman ») (7 points)
67.   Lettre d’adieu (« Toi qui trouveras cette lettre ») (21 points)
68.   Médusa (11 points)
69.   Miroir de sang (17 points)
70.   Miros (18 points)
71.   Moi, Narcisse (9 points)
72.   Muette (56 points)
73.   Narcisse (« Hey, Narcisse ») (5 points)
74.   Narcisse (« Depuis la naissance de Narcisse ») (4 points)
75.   Narcisse (« Dans une salle interdite ») (3 points)
76.   Narcisse 19 (5 points)
77.   Narcisse amoureux (« Une nuit, Narcisse rêva ») (3 points)
78.   Narcisse amoureux (« Un beau soir d’été ») (15 points)
79.   Narcisse au collège (3 points)
80.   Narcisse au musée (7 points)
81.   Narcisse chez les Marseillais (4 points)
82.   Narcisse et Echo (7 points)
83.   Narcisse et le faux diamant (3 points)
84.   Narcisse et le roi Soleil (10 points)
85.   Narcisse et les réseaux sociaux (5 points)
86.   Narcisse et Narsice (3 points)
87.   Narcisse Holmes et le mystère du miroir sanglant (4 points)
88.   Narcisse ou la fulgurance d’une étoile (9 points)
89.   Narcisse sauvé des enfers (12 points)
90.   Narcisse, le Magnifique (3 points)
91.   Narcisse, une histoire tragique (3 points)
92.   Narcos et Némor (7 points)
93.   Narkissos face à lui-même (6 points)
94.   Pourquoi? (4 points)
95.   Presse Narcisse (4 points)
96.   Puni par l’Olympe (9 points)
97.   Qui veut liker? (5 points)
98.   Reflet moderne (4 points)
99.   Réincarnation de Narcisse (1 point)
100. Renaissance de Narcisse et Echo (15 points)
101. Se connaître soi-même (5 points)
102. Selphos (72 points)
103. Son reflet (6 points)
104. Steeve et son premier téléphone portable (6 points)
105. Un amour éternel non réciproque (5 points)
106. Un amour impossible (4 points)


PRIX COUP DE CŒUR


Décerné par leurs camarades, collégiens et lycéens,
le PRIX COUP DE CŒUR 2023 (niveau lycée)
est attribué à
Marine Le Berrigaud (Lycée de la Mer et du Littoral, Bourcefranc-le-Chapus)
pour « Un Magnifique NAR6″
(Professeur référent : Hélène Motard)

Le PRIX COUP DE CŒUR 2023 (niveau collège) est attribué à
Anaïs Cambria-Pisciotta (Lycée français Vincent Van Gogh, La Haye, Pays-Bas)
pour la nouvelle intitulée « Muette »  
(Professeur référent : Aurélie Vachias)

Le cru 2023 s’est avéré particulièrement savoureux cette année avec des réécritures du mythe de Narcisse remarquables par leur diversité, leur originalité et leur qualité. Plus d’une centaine de lycéens et plusieurs centaines de collégiens ont voté et attribué respectivement 857 et 2737 points aux diverses nouvelles sélectionnées.     

Les lycéens ont eu du mal à les départager comme en atteste le score serré des trois nouvelles lauréates puisque moins de 50 points séparent la première de la troisième, « Un asphodèle sacrifié », qui récolte 108 points : le motif floral se trouve judicieusement décliné à travers l’histoire tragique d’un narcisse narcissique vampirisant le malheureux asphodèle qui poussait dans son ombre…                                                                                                                                                                      

Narcisse devient le protagoniste évanescent d’une pastorale dans la nouvelle « Remède au narcissisme », deuxième avec 136 points : objet de désir inassouvi pour le Berger et pour la grande pianiste Écho, il se dérobe également à son propre désir. Cependant sa fin tragique fait éclore le « remède », la consolation : l’œuvre d’art dont « la beauté jamais ne se recherche » mais « toujours (…) se donne. »                                                                                                          

Cependant c’est finalement en robot futuriste que « Le Magnifique NAR6 » de la nouvelle éponyme obtient le meilleur score, 155 points : ce n’est plus dans l’eau d’un lac mais devant une paroi de verre qu’il s’admire, en un geste fatal de désobéissance. Dans un univers dystopique aseptisé qui assigne à chacun une fonction bien précise, le désir de beauté, subversif, devient alors un acte de résistance dans un retournement inattendu…

Les collégiens ont plébiscité « Selphos », troisième au classement avec 447 points, ce qui n’est pas étonnant puisque cette nouvelle offre une mise en abyme, à la façon d’un gigantesque « égoportrait », des dérives de notre société du paraître et de l’addiction aux écrans : Narcisse moderne devenu prisonnier de ses avatars numériques, Selphos n’en finit plus de se dissoudre dans les multiples versions de son moi au point de se perdre paradoxalement dans le narcissisme des autres.

 La deuxième place revient à « La rose penchée » qui obtient 617 points. Le cadre médiéval sied particulièrement à cette histoire qui s’apparente à un conte merveilleux : telle Alice, la jeune et belle Rose, curieuse, s’aventure là où elle ne devrait pas aller et rencontre son reflet sublime ; châtiment de sa curiosité transgressive, la voilà métamorphosée en fleur du même nom, « rose penchée » au-dessus de son reflet enchanteur pour l’éternité…   

« Muette » emporte les suffrages avec l’excellent score de 715 points : Écho moderne, une jeune femme devenue muette sous le choc d’une trahison amoureuse raconte comment elle retrouve la parole avec l’amour. Un cri s’échappe miraculeusement de sa gorge et elle sauve Léo, son Narcisse : la voiture ne l’a pas écrasé mais elle a détruit le portable dans lequel il contemplait, à travers son image, celle de son frère jumeau mort noyé. Ainsi il s’arrache symboliquement au deuil qui le ferme au monde. Au cri de la « Muette » répond pour la première fois le regard de Léo et la nouvelle se clôt significativement sur cette parole de reconnaissance riche de promesses : « Je te vois enfin ».



Synthèse rédigée par

Annabelle Presa, Nathalie Cullell et Tatiana Antolini-Dumas

4 réflexions sur « Narcisse – Prix de l’AFPEAH 2023 »

  1. Quelle merveilleuse synthèse, qui n’a oublié personne.
    Nous sommes fiers et heureux du résultat de notre petit fils Anatole de TOURS
    3ème prix collège avec « L’écho de la vengeance »
    Second en 2022
    c’est un grand lecteur.
    Merci à toute l’équipe.
    Très cordialement

    1. Anatole a écrit un texte très fort qui a enthousiasmé certains de nos élèves et une partie des adultes qui siègent au jury du Prix. Qu’il continue surtout !

  2. Je constate avec joie que mes deux hellénistes de collège sont classées 4e avec « La Désolation de Narcisse» ! Je suis ravie pour elles, qui se consacrent depuis longtemps à l’écriture sur leur temps libre. Merci à vous d’avoir organisé ce prix, qui permet de valoriser et d’encourager celles et ceux qui seront peut-être nos grands auteures et auteurs de demain !

    1. Merci beaucoup pour votre mot. Nous constatons qu’un grand nombre de participants ont une pratique des langues anciennes. C’est forcément un plus dans la scolarité des élèves qui leur permet de brasser énormément de vocabulaire, de se familiariser avec une pratique régulière de la grammaire. Les latinistes et hellénistes sont en général curieux et ouverts, ils ont le goût de la langue. « La Désolation de Narcisse » a beaucoup plu aux membres du Jury notamment parce que la nouvelle est très bien écrite. Vous pouvez féliciter vos élèves de notre part !
      Merci à vous de leur avoir proposé de tenter l’aventure.

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