Pourquoi lire les classiques – Qu’est-ce que lire ? – 2

Pourquoi lire les classiques – Qu’est-ce que lire ? – 2

Ne surtout pas croire « que les classiques doivent être lus parce qu’ils servent ».

Alors qu’on préparait la ciguë, Socrate était en train d’apprendre un air de flûte. “À quoi cela servira-t-il? lui demande-t-on. – À savoir cet air avant de mourir.“

Cioran, « Ébauches de vertige », in Écartèlement, Paris, Gallimard, 1979. Cité par Italo Calvino.

Dans Perchè leggere i classici, Italo Calvino définit ce qu’est un classique et revient sur les livres qui ont compté dans sa vie.
Nous avons relevé ici certains passages du premier essai figurant dans l’édition française, Pourquoi lire les classiques, parue au Seuil en 1995.

Nous vous recommandons ce classique de la critique littéraire qui évoque aussi bien Homère, Pline, que Diderot, Galilée, Dickens, Balzac, Borges ou Tchekhov…

Relire les classiques

À chaque âge, son approche des textes, sa lecture.

« La jeunesse communique à la lecture […] une particulière saveur et une particulière importance; tandis qu’à l’âge mûr on apprécie (ou l’on devrait apprécier) beaucoup plus de détails, on repère des niveaux, on distingue des sens. […] Les lectures de jeunesse peuvent se révéler peu profitables par suite de l’impatience, de la distraction, de l’inexpérience des modes d’emploi, de l’inexpérience de la vie. Elles peuvent (éventuellement en même temps) être formatrices dans la mesure où elles donneront une forme à nos expériences futures, en leur fournissant des modèles, des termes de comparaison, des schémas de classification, des échelles de valeur, des paradigmes de beauté. »

Pourquoi relire un classique ?
« Toute relecture d’un classique est une découverte, comme la première lecture. »
« [S]i les livres ne changent pas […] nous-même avons changé, et nos retrouvailles avec eux sont des événements nouveaux. »

Qu’est-ce qu’un classique ?

Les classiques ne s’oublient pas, jamais.


« Les classiques sont des livres qui exercent une influence particulière aussi bien en s’imposant comme inoubliables qu’en se dissimulant dans les replis de la mémoire.' »
« Les classiques sont des livres qui, quand ils nous parviennent, portent en eux la trace des lectures qui ont précédé la nôtre et traînent derrière eux la trace qu’ils ont laissée dans la ou les cultures qu’ils ont traversées ».

« Un classique est livre qui n’a jamais fini de dire « ce qu’il a à dire » ».

« Un classique est une œuvre qui provoque sans cesse un nuage de discours critiques, dont elle se débarrasse continuellement. »

Le classique nous révèle à nous-même.

« Notre classique est celui qui ne peut pas nous être indifférent et qui nous sert à nous définir nous-même par rapport à lui, éventuellement en opposition à lui. »


Les classiques nous renseignent sur l’essentiel.


« Est classique ce qui tend à reléguer l’actualité au rang de rumeur de fond, sans pour autant prétendre éteindre cette rumeur ».

La bibliothèque idéale


« Il ne nous reste plus qu’à nous inventer chacun la bibliothèque idéale de nos classiques; et je dirais que cette bibliothèque devrait être composée pour moitié des livres que nous avons lus et qui ont compté pour nous, pour moitié des livres que nous nous proposons de lire et dont nous pensons qu’ils pourront compter. »

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Et l’école dans tout ça?

« on ne lit pas les classiques par devoir ou par respect, mais seulement par amour. Du moins hors de l’école: celle-ci a pour rôle de faire connaître, tant bien que mal, un certain nombre de classiques, parmi lesquels (ou par rapport auxquels) chacun pourra reconnaître ensuite ses classiques. L’école est tenue de nous donner des instruments pour opérer un choix; mais les choix qui comptent sont ceux qui se font après et en dehors d’elle. »

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