Groupes de niveau
Communiqué de l’AFPEAH
Nous , citoyens, parents et enseignants, membres de l’AFPEAH, souhaitons faire part de notre vive inquiétude à Madame la Ministre de l’Education nationale.
Commençons par deux exemples et deux interrogations
La mise en place d’un groupe de niveau (Français-Maths) en 5e pour un établissement qui aurait deux classes nécessite 8h. L’établissement en reçoit 3 à cette fin. Où prendre les autres heures ?
Afin que la réforme puisse être mise en place, une de nos collègues voit son enseignement de latin supprimé. Elle accueille dans ses cours plus de la moitié de l’effectif du collège… Les élèves volontaires de cet établissement ont-ils mérité que l’option soit ainsi supprimée de manière abrupte ?
Hétérogénéité
S’il est indéniable que les classes de collège sont hétérogènes et qu’il est parfois difficile de bien accompagner les élèves les plus fragiles, il est évident que le fait de constituer des groupes de niveau en français et en mathématiques, dès la 6e , ne constitue pas une solution. Cette stigmatisation des plus fragiles auxquels on n’accorderait finalement aucune heure d’enseignement supplémentaire est contraire à nos valeurs.
Stigmatisation et assignation des élèves les plus fragiles
Sans heures de cours supplémentaires, sans émulation, les élèves les plus fragiles ne progresseront évidemment pas autant qu’il le faudrait pour rejoindre les autres groupes au cours de leur scolarité. Ils seront donc enfermés dès l’âge de 10 ans dans un parcours spécifique. Il est certes prévu à la marge que les élèves en question puissent rejoindre les précédents en 3e, mais notre expérience de professionnels de l’éducation nous laisse penser que ce sera totalement improbable, dans la mesure où les autres élèves, plus favorisés auront avancé de leur côté.
De bric et de broc
Cette réforme partiellement financée nécessite que des heures soient prises sur d’autres disciplines : chaque établissement fait comme il peut. Aucune application ne ressemble à une autre.
-Ici les élèves de deux classes de 5e seront répartis dans trois groupes avec 4h30 de français hebdomadaire par groupe.
-Là, un groupe aura 5 h de français et un autre 6h [cette solution est la moins aberrante dans la mesure où un petit bonus est accordé aux élèves en difficulté qui demeurent scolarisés avec leurs camarades par ailleurs, y compris en maths et en français].
-Dans un autre établissement, 1h/ classe en plus sera accordée pour les élèves en difficulté (la moitié allant en maths, l’autre allant en français).
-Ailleurs, la réforme ne sera pas appliquée car elle est incompatible avec les entraînements sportifs des élèves…
-Ailleurs encore, certains chefs d’établissement refusent d’appliquer une réforme pour laquelle aucun décret n’est paru.
Disparition de l’offre dans les collèges les plus petits, en zone rurale notamment
Dans la mesure où le gouvernement ne donne pas aux établissements les moyens nécessaires à l’application de la réforme, les chefs d’établissement doivent supprimer des dispositifs facultatifs.
Certains concernent tous les élèves :
-Groupes en sciences (ce qui permet de pratiquer des expériences, de faire des travaux pratiques (TP))
-Heures de soutien et d’approfondissement en maths et français (ajoutées aux heures dispensées en classe entière)
D’autres s’adressent à tous les élèves intéressés, motivés par une ouverture culturelle et linguistique :
-Langues anciennes
-Langues et cultures européennes
Pour l’instant, lorsqu’elle est appliquée, elle ne l’est que sur 2 niveaux (6e – 5e), les chefs d’établissement ont pris des heures sur le soutien, sur les groupes, mais qu’en sera-t-il l’an prochain quand elle devra être appliquée en 6e-5e-4e-3e?
Implication des professeurs
Les conditions de travail des enseignants seront détériorées, notamment parce que nombre d’entre eux, plus encore qu’auparavant, devront exercer sur plusieurs établissements et avoir encore plus de niveaux d’enseignement à assumer.
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Pour conclure, selon nous, le « Choc des Savoirs » va, sans nul doute, porter préjudice aux élèves comme aux enseignants.
Cette réforme, qui ne correspond pas à nos valeurs, ne peut se faire au détriment des élèves les plus fragiles, au détriment des langues anciennes, des langues vivantes, des groupes de sciences et des personnels. Elle ne peut être pensée sans dotation horaire spécifique.
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NB : « Les études portant sur la différenciation par la création de classes ou de #Groupesdeniveau » concluent « unanimement à une absence d’effets, voire à des effets négatifs » sur les résultats des élèves, (note du programme IDEE (Innovations, données et expérimentations en éducation; programme de recherche rattaché à l’École normale supérieure))
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Nous vous recommandons le dossier de Libération du mardi 2 avril 2024 :
Il existe mille façons d’aider vraiment les élèves en difficulté: ainsi il est possible d’identifier avec précision les incompréhensions et de reprendre le cours avec les élèves qui n’ont pas compris telle ou telle leçon : « les élèves de sixième et de cinquième assisteront au cours de français en classe entière pendant trois heures et trente minutes chaque semaine. Et seront invités à participer, si besoin, à l’heure de soutien, organisée par le professeur à charge de la classe. Ces regroupements seront réfléchis par les profs et restructurés «chaque semaine» selon «un besoin spécifique qui aura été identifié». Exemple : si la prof de français souhaite organiser son heure de soutien autour des propositions relatives, elle conviera les élèves qui en ont, selon elle, besoin ». Cité par Margaux Gable dans « Des établissements entrent en désobéissance civile », l’un des articles du dossier.