
Langage et écrans
Tout le monde le sait, les bébés ne progressent pas tous au même rythme en matière d’acquisition du langage. Plus leurs parents leur parlent et nouent d’interactions avec eux, plus leurs progrès sont manifestes. (« Talking to Children Matters: Early Language Experience Strengthens Processing and Builds Vocabulary », Adriana Weisleder et Anne Fernald, voir également https://srcd.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/cdev.13511)
L’étude « Screen Time and Parent-Child Talk When Children Are Aged 12 to 36 Months (Marie E.Brushe , Ph.D. ; Dandara G. Haag, PhD ; Edward C. Melhuish, Ph.D. ; Sheena Reilly, Ph.D. ; Tess Gregory, Ph.D. JAMA Pediatr, 4 mars 2024)1 mesure les effets de l’exposition aux écrans sur le développement du langage. S’il est évident que le temps passé devant un écran s’exerce au détriment des échanges entre parents et enfants, les résultats de cette étude australienne en mesurent précisément les effets. Les chercheurs démontrent en effet qu’un temps d’exposition d’une heure chaque jour prive les enfants âgés de 36 mois de 397 mots d’adultes, 294 vocalisations et 68 conversations.
Il s’agit là d’enfants observés dans des familles respectant les recommandations de l’OMS en matière d’exposition aux écrans. Or, il est bien connu que la plupart des familles dépassent les seuils préconisés : les enfants de cette tranche d’âge sont plutôt exposés 3 heures par jour aux écrans. De ce fait, ils seraient privés de près de 1140 mots et de 194 conversations chaque jour.
On peut imaginer le déficit à l’échelle d’une année.
Il faut de plus noter que l’étude n’a pas pris en compte l’utilisation parentale des téléphones portables en présence de leurs enfants. Les adultes peuvent en faire une utilisation silencieuses qui n’a pu être enregistrée (lecture d’e-mails, envoi de SMS, consultation de sites internet ou de réseaux sociaux).
Le fait que les parents puissent être distraits par leur smartphone et autres écrans n’est plus à démontrer, il s’agit là d’un phénomène courant qui s’exerce au détriment des enfants. Moins d’interactions verbales et non verbales se nouent alors entre l’enfant et le parent, ce qui peut, en outre, générer chez l’enfant des réactions négatives et des comportement problématiques.
______________
Pour plus de précisions, lire l’étude : « Screen Time and Parent-Child Talk When Children Are Aged 12 to 36 Months », Marie E. Brushe , Ph.D. ; Dandara G. Haag, PhD ; Edward C. Melhuish, Ph.D. ; Sheena Reilly, Ph.D. ; Tess Gregory, Ph.D. JAMA Pediatr, 4 mars 2024 https://jamanetwork.com/journals/jamapediatrics/fullarticle/2815514
Ill. « Sans parole » (détail), Natacha Antolini, acrylique sur papier.
- Merci à Dominique Merle qui nous a informés de l’existence de cette étude. ↩︎