La Part du Héros – Le Mythe des Argonautes et le courage d’aimer

La Part du Héros – Le Mythe des Argonautes et le courage d’aimer

Andrea Marcolongo
Les Belles Lettres, 2019

Voyager à bord d’Argô et acquérir un supplément d’âme

Lire Les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes avec un guide qui nous inviterait à découvrir ce que la littérature est vraiment : une lutte contre l’effacement de soi.

Andrea Marcolongo nous apprend à lire autrement. Elle attire notre attention sur la profonde humanité des personnages, on pense à Médée, à ses yeux fixés sur Jason lorsque l’amour la frappe, à ses pieds nus, à sa simple tunique, au moment où elle se jette sur son lit pour pleurer, assaillie par des mots qu’elle ne peut formuler.

L’auteur nous rappelle aussi que toute lecture est palimpseste, réécriture qui fait dialoguer les textes.
Elle nous rappelle que les mots ont une vibration particulière qui tient à leur lointaine origine. Elle nous conduit à reconsidérer des termes galvaudés, des mots tout simples.

Y réfléchir, et prendre ainsi le temps de conquérir plus d’humanité.
Et puis, dans cette lecture des
Argonautiques, Andrea Marcolongo se dévoile sans fards et avec retenue pourtant, nous rappelant que la lecture n’est pas seulement ouverture à l’autre, mais aussi cheminement vers soi.

HARMONIE

« ἁρμονία « relier, connecter, unir dans une juste proportion ».

VALEURS

« La taxinomie contemporaine est faite de lettres et surtout d’argent – jamais de pensées, d’idéaux ni de valeurs »

μεταφορά
« mener à travers – en tenant par la main – dans les sentiments les plus intimes que nous éprouvons chaque jour. »
En grec moderne, « les transports s’appellent Μεταφορές (métaphores) – ainsi nous pouvons marcher dans les rues d’Athènes entourés de métaphores qui livrent des fleurs ».

TENDRESSE
« possibilité de se montrer délicat, fragile, doux comme le velours, léger, ténu – comme le mot latin tener dont il dérive – face à autrui ».

NÉOLOGISMES

« Nous vivons une époque où les mots semblent ne jamais suffire, un temps où nous sommes contraints à frapper des néologismes comme monnaie commune pour nous comprendre. Mais ce sont des mots de pacotille, sans valeur, ils ôtent du sens aux choses au lieu d’en ajouter et leur irrépressible inflation nous rend toujours plus pauvres. »

ARGONAUTES

« Sans se mettre à l’épreuve, même au prix de la peur et de la douleur, ils auraient gâché leur vie en la rendant insipide – sans saveur, du pain sans sel »

SILENCE

« En utilisant toujours moins de mots, et toujours les mêmes, pour nous dire, nous sommes en train d’imposer une limite à notre langage. Les frontières de notre dire sont toujours plus étroites et notre monde devient chaque jour plus petit. Muet »

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